Le château de Versailles attire d’innombrables visiteurs notamment pour ses magnifiques fontaines, bassins et bosquets. Dès le printemps, c’est un ravissement pour les sens d’assister aux Grandes Eaux musicales qui nous transportent à l’époque du Roi Soleil. Ce spectacle enchanteur ne doit rien à la simplicité, au contraire, et les artisans et artistes chargés de l’aménagement des jardins ont dû relever de nombreux défis, faire preuve d’inventivité et d’une grande maîtrise hydraulique pour offrir à Louis XIV ce décor grandiose qui perdure aujourd’hui et constitue un symbole de notre patrimoine artistique.
Un engouement européen pour les jeux d’eau
Le jeune Louis XIV, impressionné par les jeux d’eau de Fouquet à Vaux le Vicomte, connaît le même engouement que ses contemporains pour les fontaines et bassins. En effet, les jardins en Europe sont devenus des lieux d’agrément et font parfois l’objet d’une véritable mise en scène, les fontaines participant aux effets grandioses voulus par les architectes et les maîtres des lieux. A cela s’ajoute la diffusion de traités ingénieux en matière hydraulique, comme celui de Salomon de Caux et son ouvrage La Raison des forces mouvantes, qui décrit des machines activées par des systèmes hydrauliques.
Des contraintes inhérentes à Versailles
Cependant, en 1661, lorsque Louis XIV veut donner vie à ses projets fastueux, Versailles est un simple domaine de chasse, et le château, situé en hauteur, surplombe des terrains marécageux. La Seine est à plusieurs kilomètres de distance et il n’existe aucune rivière à proximité. L’alimentation en eau s’avère donc un véritable défi : il faut trouver de l’eau en quantité suffisante, l’acheminer ensuite jusqu’à un réservoir situé en hauteur qui alimentera les fontaines et offrira au roi de somptueux jeux d’eaux.
Des prouesses techniques
Les techniques de pompage et d’acheminement de l’eau vont se perfectionner au fil des décennies grâce à l’inventivité des ingénieurs. L’ensemble de ces travaux représentent 40% des dépenses réalisées à Versailles.
On commence par pomper l’étang de Clagny, seule ressource naturelle à proximité du domaine, qui alimentera les premières fontaines du parc et permettra d’inaugurer les premières Grandes Eaux de Versailles en 1666. Ensuite, on détourne les eaux de la Bièvre en créant un barrage sur la rivière et en utilisant des moulins à vent à godets qui remontent l’eau vers les réservoirs.
Pour alimenter davantage de fontaines, on crée également des étangs artificiels à Trappes et Bois d’Arcy situés plus haut que les réservoirs de Versailles.
Si certains projets sont abandonnés, comme le captage des eaux de la Loire ou de l’Eure, des réalisations d’envergure voient le jour, telle la machine de Marly qui élève l’eau de la Seine de cent cinquante mètres et pompe l’eau à l’aide de près de deux cents pompes. L’eau est ensuite conduite vers les réservoirs grâce à des aqueducs.
Les réservoirs sont placés à différents niveaux pour que le réseau gravitaire fonctionne. Rappelons qu’il y a trente-deux mètres de dénivelé entre les parterres devant le château et le grand canal, et plus de dix mètres entre les parterres et le bassin de Latone.
Sous les allées, le plomb
Les tuyaux de bois sont progressivement remplacés par des tuyaux de plomb, puis par le fer de fonte qui s’avère moins onéreux. La maîtrise de la technique du plomb est donc essentielle à l’art des fontaines. L’Art du plombier et fontainier, ouvrage paru en 1773, en est l’illustration.
Les fontainiers d’art
Les fontainiers ont un rôle clé. Ils s’occupent de l’entretien des fontaines et de leur mise en eau, ce qui requiert des compétences en hydraulique, en plomberie et en mécanique. Ainsi Denis Jolly fut chargé de la conception de la grotte de Thétis. C’est un métier dont la charge est transmissible, c’est pourquoi les membres de la famille Francine se succèderont pendant des générations à cette fonction: à l’époque d’Henri IV, Thomas Francini était chargé des jeux d’eau du château de Saint-Germain, tandis que Pierre de Francine, son petit-fils, s’occupe de la distribution des eaux dans le parc de Versailles sous Louis XIV. Le roi anoblit parfois ses fontainiers.
Afin d’économiser l’eau, on attend la venue du roi pour faire fonctionner les fontaines. Ce sont les fontainiers qui actionnent les jeux d’eau dès que l’approche du monarque est signalée. Une journée entière de fonctionnement des Grandes Eaux représente environ mille quatre cents jets et soixante-douze mille mètres cubes d’eau.
Précisons que le Grand Canal et la Pièce d’eau des Suisses coûtent plus chers que l’ensemble des fontaines.
Le bassin de Latone joue un rôle central puisqu’il reçoit l’eau des parterres et des fontaines de la terrasse pour l’alimentation de ses nombreux jets principaux, puis la redistribue vers les bassins et fontaines en contrebas grâce au réseau de canalisations.
Les fontaines et bassins aujourd’hui
Treize fontainiers ont actuellement la charge de six cent soixante-dix jets. Le système gravitaire alimente toujours les fontaines et l’approvisionnement fonctionne en circuit fermé avec des canalisations longues de trente-cinq kilomètres, pour la majeure partie d’époque (environ vingt kilomètres). Certaines ont été rénovées au XIXème et XXème siècles. Depuis 1980, des pompes sont donc installées dans le Grand Canal et sous la terrasse se trouve un immense réservoir de deux mille mètres cubes qui alimente bassins et fontaines.
Louis XIV utilisait Versailles et les jeux d’eau pour mettre en scène sa puissance et son prestige. Il éblouissait ses hôtes par la magnificence des lieux et les Grandes Eaux contribuaient à sa renommée mondiale. Elles attirent encore aujourd’hui jusqu’à douze mille visiteurs quotidiens, venus du monde entier admirer ce spectacle féérique et ce patrimoine incomparable.
Isabelle Gheleyns-Guedj
Sources: chateaudeversailles.fr
gallica.bnf.fr: Luc Menapace: L’approvisionnement en eau des jardins de Versailles sous Louis XIV
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Ayant grandi en Normandie, en bord de mer, dans un climat doux et humide, l’eau ne me semblait pas un sujet crucial il y a quelques décennies. J’étais alors plus préoccupée par la pollution et d’autres sujets environnementaux: vivre en respectant la nature et en étant éco-responsable me semblait une évidence.
C’est en devenant maman que j’ai commencé à m’intéresser vraiment à l’eau, à sa qualité, à sa disponibilité, et je me suis alors documentée sérieusement.
De même, les nombreux scandales d’eau contaminée, notamment aux Etats-Unis, m’ont profondément indignée. J’ai alors pris conscience que si individuellement nous n’avons pas beaucoup de pouvoir, en revanche la diffusion d’informations conduit à une sensibilisation collective qui peut avoir des répercussions très positives pour l’environnement.
Il est vital de préserver la planète car nous n’en sommes pas propriétaires, nous ne faisons que passer et devons laisser une Terre aussi riche et belle que nous l’avons trouvée. Chacun de nous est concerné et peut agir à sa manière.
C’est pourquoi je souhaite partager avec vous mes recherches et les sujets qui me passionnent car « les petits ruisseaux font les grandes rivières » et plus nous serons nombreux à nous mobiliser et à œuvrer pour notre planète, plus celle-ci a de chances de rester la Planète Bleue.
